Rebeca, « Le pire c’est de ne pas savoir ce qu’il va passer, de ne pas pouvoir penser à l’avenir. »
L’appartement de Rebeca est lumineux. Tout est bien ordonné et propre. Au-dessus du fauteuil où nous nous asseyons, deux photos de ses enfants sont accrochées. Rebeca parle d’une voix douce et accueillante, mais le stress et la fatigue sont palpables.
Rebeca est maman de jumelles de 2 ans. Elle est arrivée en décembre 2016 d’un pays d’Afrique de l’Est, pour rejoindre son mari venu travailler en Belgique comme diplomate. Elle est médecin mais n’a jamais exercé en Belgique. Durant ses journées, elle accompagnait son mari dans ses déplacements professionnels. Elle tombe enceinte en 2019 et donne naissance à ses enfants quelques mois avant la fin de la mission de son mari en Belgique.
Mais un évènement va tout compliquer : son compagnon meurt lors d’un voyage d’affaires dans son pays d’origine. Les autorités l'informent qu'il est mort d'une pneumonie, mais elle pense qu’il a plutôt été assassiné. Ses filles ont à peine 6 mois et elle se retrouve complètement seule. « Je ne savais pas quoi faire, les enfants n’étaient pas vaccinées, il y avait le covid, la situation était très compliquée. »
« Je ne savais pas quoi faire, les enfants n’étaient pas vaccinées, il y avait la Covid, la situation était très compliquée. »
Dans le pays d’où vient Rebeca, une guerre a explosé il y a quelques années. « Les militaires se sont entretués, beaucoup de personnes sont mortes. Mon frère et mon cousin ont été tués par une balle dans leur lit. C’est ça notre pays, il n’y a pas de sécurité. Ici en Belgique, c’est la paix. »
Rebeca se rend dans un CPAS et explique sa situation particulière, mais à ce moment-là, elle ne rentre pas dans les critères pour bénéficier d’un soutien financier. « Je n’avais plus un seul euro, même pour le lait et les couches, mes enfants n’avaient même pas de vêtements. Je me suis mise à pleurer parce que je n’avais personne pour m’aider, que mes enfants allaient mourir de faim. » Ils finissent par trouver un moyen pour qu’elle puisse garder son logement, et elle reçoit de l’aide pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille.
Dans ce contexte, la coéquipière du Petit vélo jaune est une petite bulle d’air pour Rebeca. «La plupart du temps on discute, on boit le café. Le mois dernier, on a refait le papier peint de ma chambre ensemble. C’est elle qui m’a motivée en me disant qu’on pouvait le faire nous-même. C’était marrant, et j’étais contente de la faire moi-même. Je suis très heureuse du résultat. La bénévole est un cadeau pour moi en ce moment. »
Aujourd’hui, Rebeca a la carte orange. Elle est toujours en procédure de demande d’asile. «La journée je n’ai rien à faire, j’essaye de m’occuper parce que sinon je suis tout le temps inquiète, donc je vais me promener. » Elle prend des cours de français, sans savoir si elle pourra finalement rester. « Parfois je ne suis pas concentrée, parce que je pense au futur, rien n’est clair. Le pire c’est de ne pas savoir ce qu’il va passer, de ne pas pouvoir penser à l’avenir. Je m’inquiète pour mes enfants, j’aimerais qu’elles puissent grandir ici où elles sont nées. »
« La journée je n’ai rien à faire, j’essaye de m’occuper parce que sinon je suis tout le temps inquiète, donc je vais me promener. »