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Quand faire ses courses devient une véritable expédition

Hanane est maman solo de deux garçons autistes de 7 et 5 ans. À la naissance de son premier enfant, tout semblait normal. Lorsque son fils a 2 ans, elle tombe enceinte du deuxième. « Ce n’était pas prévu aussi rapidement, j’aurais préféré attendre que mon ainé soit un peu plus grand, mais j’étais très heureuse d’avoir un second enfant. »

 

Lorsque son fils ainé entre à l’école, les instituteur·ice·s lui signalent qu’elles reconnaissent des comportements qui leurs font penser à l’autisme : il a du mal à rester assis, à écouter quand on lui parle, à interagir avec les autres enfants. Hanane décide alors de faire des tests pour ses deux enfants, et apprend que ses deux fils sont autistes, à des degrés différents. « Lors des résultats j’ai beaucoup pleuré, j’étais très triste parce que le médecin m’a dit qu’ils auraient un avenir très compliqué. Au début je ne savais pas du tout vers qui me tourner pour avoir de l’aide. »

 

Son assistante sociale lui parle du SUSA. L’association l’aide beaucoup, prend le temps de lui expliquer les spécificités de l’autisme, les possibilités de soutien qui existent, cherche des solutions avec elle. « Ils ont fait énormément de choses pour moi, ça m’a vraiment redonné de l’espoir.»

 

La communication avec ses enfants est difficile, comprendre les réactions souvent impulsives et virulentes prend du temps, de l’énergie et de la patience. « Des fois je comprends mon fils, et des fois c’est comme s’il n’était pas là, comme s’il était absent. Il ne comprend pas quand je lui parle. » Les deux enfants ont tendance à beaucoup se disputer quand ils sont ensemble. « Il y a beaucoup de jalousie, mais en même temps, une fois qu’ils sont séparés, ils demandent l’un après l’autre. »

 

Hanane n’a pas de famille ni d’amis en Belgique. Elle est divorcée du père des enfants, qui ne s’occupe pas d’eux. Elle est donc complètement solo dans la prise en charge de ses enfants.

 

Au-delà des crises à gérer, des efforts pour réussir à communiquer avec ses enfants, c’est aussi toutes les tâches du quotidien qui prennent une ampleur différente. « C’est difficile pour moi de faire les courses, c’est une catastrophe. Ils crient, ils se battent. Une fois, les gens du magasin m’ont demandé de laisser mes enfants à la maison. » Hanane passe une grande partie de sa semaine à conduire ses garçons à leurs rendez-vous médicaux : spécialiste de l’oreille car ils ont tous les deux des problèmes d’ouïe, pédopsychiatre. Ils font aussi tous les deux de l’asthme et sont très sensibles donc ils tombent rapidement malades, ce qui multiplie les visites chez le médecin généraliste.

 

Hanane a aussi traversé de grosses galères de logement. Elle habitait dans un petit logement insalubre qui n’était pas aux normes, malgré les signalements au propriétaire. La semaine ou la coéquipière est arrivée, son appartement a pris feu, à cause de la chaudière usagée. Heureusement elle a pu prendre la fuite à temps avec ses enfants. Elle a ensuite passé 6 mois dans un centre d’hébergement. La recherche de logement a constitué une grande partie des premières rencontres entre Hanane et sa coéquipière Chantal. Aujourd’hui, elle vit enfin dans un appartement qui correspond à ses besoins, dans lequel elle et ses enfants se sentent bien.

 

Au Maroc, Hanane avait un emploi, mais depuis l’arrivée de ses enfants elle a dû arrêter. «J’aimerais vraiment travailler, avoir un salaire et ne dépendre de personne, mais jusque maintenant c’était impossible avec mes enfants. » Elle va commencer des cours de néerlandais en janvier, puis elle reprendra une formation pour devenir aide-soignante.

 

Quand on lui demande ce qu’elle fait pour prendre soin d’elle, Hanane répond que ce qui lui fait plaisir c’est de voir que ses enfants vont bien. « Dans ma vie, mes enfants passent avant tout. » Garder l’énergie et le moral n’est pas toujours simple, mais sa religion l’aide aussi à tenir.

« C’est difficile pour moi de faire les courses, c’est une catastrophe. Ils crient, ils se battent. Une fois, les gens du magasin m’ont demandé de laisser mes enfants à la maison. »

« J’aimerais vraiment travailler, avoir un salaire et ne dépendre de personne, mais jusque maintenant c’était impossible avec mes enfants. »

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