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UN DOUBLE ACCOMPAGNEMENT !

Le salon est chaleureux dans cet appartement de Woluwe-Saint-Pierre. Un immeuble de logements sociaux entouré de verdure et spécialement aménagé pour accueillir des personnes présentant un handicap, comme le fils ainé de Myriam. Avant son arrivée en Belgique, fin 2011, les neurochirurgiens de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, lui prédisaient à peine trois mois de vie. Né avec une malformation aiguë de la moelle épinière, ils n’ont de toute façon pas les moyens pour entamer la chirurgie nécessaire. « Ni l'envie, précise Myriam, au pays, le handicap reste un sujet tabou... »

Après renseignements, elle choisit la Belgique pour faire opérer son nouveau-né. Ils font le voyage à deux, son mari restant au Burkina. « On travaillait tous les deux, on payait nous-même le voyage, c’était impossible de venir tous ensemble. Et le séjour ne devait durer initialement qu’un mois, on ne connaissait pas réellement l'ampleur de la situation ». Les deux opérations prévues vont se transformer en une longue période de soins. Les complications, nouvelles opérations, traitements post-opératoires,… s’étalent sur 8 mois. « Comme au Burkina ces soins ne se feraient pas et qu’il était impératif d’assurer ensuite un suivi mensuel, j’ai décidé de rester. Entre mes besoins à moi et la vie de mon fils, j'ai fait un choix.» Olivier, son mari, continue à travailler à Ouagadougou pour subvenir aux besoins financiers de Myriam et de leur fils. Comme la situation devenait de plus en plus difficile, elle demande le séjour humanitaire, compte tenu des problèmes de santé de son fils. Après quelques aller-retours, Olivier décide également de s'expatrier en Belgique.

Une famille élargie et réunie

Aujourd’hui, huit ans plus tard, la famille s’est élargie. Quatre autres enfants sont nés, dont deux jumeaux. C’est durant l’été que Myriam a fait appel au Petit vélo jaune. « Mon mari et moi traversions des moments difficiles de couple. » L’association RéCI (Réseau de coordination et d’intégration pour l’intégration des personnes présentant un handicap moteur), qui accompagne l’ainé dans sa pathologie, lui parle une première fois du Petit vélo jaune. Mais Myriam n’embraye pas. Un peu plus tard, l’assistante sociale de la crèche de son petit dernier lui conseille de faire appel à nous. « Comme c’était la seconde fois qu’on m’en parlait, je me suis dit que cette association devait être sérieuse... L’assistante sociale s’est proposée pour faire les démarches pour moi, voir déjà si cela pouvait répondre à mes attentes, et me mettre ensuite en contact avec Pascale, une coordinatrice du Petit vélo jaune. Lors du premier rendez-vous je me suis rendu compte que cela correspondait parfaitement à ce que j’attendais ! » Ses besoins étaient double : « Premièrement d’avoir du soutien pour mes enfants, qu’ils puissent continuer à s’épanouir. Ensuite, tout simplement pour moi. J’avais envie de pouvoir parfois souffler. Mon mari travaille, moi j’ai entamé une reconversion professionnelle (elle est en troisième année en école d'infirmerie), avec cinq enfants, c’est parfois trop lourd. »

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Un couple de coéquipiers !

Si chaque coéquipier est unique, que dire lorsque le coéquipier est… un couple. Chantal, coéquipière de Myriam, ne pouvait imaginer accompagner une famille sans Eric, son mari. « Je connaissais le Petit vélo jaune par l’une de ses coordinatrices. Dès ma première rencontre avec l’équipe, pour avoir de plus amples informations sur leurs actions, nous y sommes allés à deux. Il nous paraissait évident de devenir coéquipiers ensemble ! Nous sommes retraités tous les deux, nous essayons de faire le maximum de choses ensemble, il nous semblait donc logique de partager cet accompagnement. Pour nous, c’était juste naturel ! »

Très vite, cette singularité est devenue une plus-value. Pendant qu’Eric joue avec les enfants à des jeux de société, Chantal papote avec Myriam. Alors que les femmes et les enfants partent en balade, Eric et Olivier partagent un moment de complicité. « Pour mon mari, c’est aussi important d’avoir un homme avec qui parler, se confier en toute quiétude en sachant qu'il ne serait pas jugé, ou avec lequel il peut faire des activités, d’autant qu’ils se sont rapidement rendu compte de nombreux centres d’intérêt communs. Le contact à quatre a de suite été fluide et nous a rassuré, l’échange s’est fait naturellement. Je me suis dit qu’on était gâtés! »

Si l’accompagnement est hebdomadaire, il n’y a pas pour autant de régularité dans les jours et les horaires. Ni d’ailleurs dans la « composition » des binômes précise Chantal : « On se voit parfois à quatre, parfois à deux. C’est variable selon les emplois du temps et besoins de chacun. Eric et moi ne venons pas toujours ensemble, nous avons nos petits-enfants et de nombreuses autres occupations, nous sommes notamment actifs dans d’autres bénévolats. Du coup, on prend un nouveau rendez-vous chaque semaine. »

La chance d’être entourée

« J’ai la chance d’avoir deux coéquipiers, qui sont très disponibles, très à l’écoute, et cela m’aide énormément. Il sont très importants pour moi » sourit Myriam. 

Encore récemment elle et sa famille habitaient à Koekelberg. Déménager à Woluwe n'a pas été simple. Ils sont certes ravis de ce nouvel environnement, que l'appartement soit spécialement adapté pour les personnes avec handicap, des facilités pour les enfants, désormais tous à la même école, dont l'ainé (Myriam s'est battue pour que l'école communale puisse l'intégrer malgré son handicap). Mais quitter leur quartier et les amis fut une réelle cassure. « Nos amis habitaient à quelques mètres de chez nous. Pour se voir, il faut traverser tout Bruxelles désormais, pas évident quand chacun a son quotidien, ses obligations. Lorsque nous sommes arrivés ici on se sentait vraiment seuls. Chantal et Eric sont arrivés à point nommé. Ils sont pour nous une ressource, des repères. Et surtout ce sont des personnes qui nous valorisent. Car nous sommes souvent dans une position où l'on se sent dévalorisés, parce que nous avons traversé tellement de situations difficiles, où on doit se battre pour tant de choses. Cela génère souvent de la frustration. Les avoir aujourd'hui à nos côtés nous touche énormément. »

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