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"Il est évident que je ne veux pas abandonner L."

Cela fait 7 mois que j’accompagne L. qui est une jeune maman africaine de 22 ans. Sa petite fille E. vient d’avoir 1 an le premier jour du confinement. J’avais déjà imaginé un petit goûter festif pour l’occasion … il sera remis à plus tard.

 

Cette maman habite dans une minuscule chambre d’étudiant mansardée, avec seulement un Velux qui lui permet de voir un petit bout de ciel. J’étais déjà fort impressionnée par les conditions de vie difficiles pour cette maman étudiante et sa petite fille, dans un espace aussi réduit. En attente de régularisation, elle n’a droit à aucun revenu, ni le revenu d’intégration sociale du CPAS, ni les allocations familiales. Une toute petite aide de sa famille lui permet un peu de survivre tant bien que mal.
 

Je lui ai fait découvrir le Resto du cœur qui lui fournit des colis alimentaires. La Croix Rouge lui donne le nécessaire pour la petite : du lait en poudre et des langes. Et puis voilà maintenant l’instauration d’un confinement strict pour lutter contre le corona virus !

 

Il est évident que je ne veux pas abandonner L.

 

J’ai dû m’adapter à cette nouvelle situation. Je vais la voir 2 fois par semaine, avec dans le coffre de ma voiture un gros cageot plein de vivres non périssables et quelques plats surgelés des restos du cœur qu’elle ne sait pas stocker chez elle car elle n’a pas de congélateur. Je sonne chez elle, et elle descend avec un grand sac pour se servir dans mon coffre. Nous respectons bien sûr les distances et l’usage du gel désinfectant.

 

Heureusement pour le moment, L. vit avec une de ses amies d’enfance arrivée en Belgique en septembre. Cela me permet de rester dehors. Sans cette amie, je devrais monter pour rester près du bébé. Il est en effet impossible pour la maman de remonter les 3 étages avec un escalier en colimaçon très étroit, sa petite sur un bras et le sac de course dans l’autre !

 

Cette amie est certainement aussi un précieux réconfort pour L. qui a eu dernièrement des grosses crises d’angoisse liées à son attente de régularisation.

 

Mais comment font-elles pour rester à deux dans ce tout petit espace ?

 

E. est une petite fille très calme qui passe de la position assise sur le lit … à la position assise dans sa chaise haute. Quelques jouets et divers petits objets résument son univers. 

 

Ce qui me touche particulièrement, c’est la douceur et le sourire perpétuel de cette maman fort réservée qui se montre tellement reconnaissante pour mon aide. Elle sait qu’elle peut m’appeler quand elle veut. Elle avoue que la situation n’est vraiment pas évidente mais ne s’en plaint pas, en plus le confinement rend la petite un peu plus agitée.

 

Je les encourage à prendre régulièrement un bon bol d’air. C’est permis et en respectant les distances préconisées, il n’y a pas de problème. Mais elles semblent inquiètes malgré tout et ne le font qu’assez rarement. Le confinement est difficile pour tout le monde, même dans nos maisons avec jardin. Mais que dire pour la plupart des familles fragilisées ?

 

J’attends avec impatience la fin du confinement, et le grand jour où nous pourrons à nouveau nous embrasser et … fêter le 1er anniversaire d’E. au grand air !!!

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